L’Oiseau Vert

De Carlo Gozzi

Le beau ramage de l’Oiseau vert

Carlo Boso déploie les ailes du fantasque volatile imaginé par Gozzi avec justesse.
Pour ses 25 ans d’existence, la troupe de l’Eveil est au meilleur d’elle-même.

Avec « L’Oiseau vert », on est au coeur de la féerie satirique de l’auteur, préméditée avec une tranquille et imparable maîtrise par Carlo Boso et ses comédiens. Derrière la toile blanche qui court sur le devant de la scène, le décor de Claude Renard se métamorphose à plaisir.

Très à leur affaire, les comédiens s’en donnent à coeur joie, emballant le public dans leur faconde et leur fantaisie pendant deux heures d’une sarabande trop tôt finie. Diction impeccable, gestuelle expressive, costumes et masques superbes, éclairages magistraux d’Orazio Trotta, tout concourt à la magie envoûtante du spectacle.

Bernard Cogniaux se partage entre l’énigmatique oiseau vert et le poète à la guitare Brighella, Béatrix Ferauge est une Sméraldine maternelle et truculente à souhait, Guy Pion l’Arlequin populaire et bouffon. Thierry Janssen a des allures de Zeus agreste sous ses oripeaux d’épouvantail. Irrésistibles de drôlerie, le roi Tartaglia d’Olivier Massart et sa mauvaise mère archétypale Tartaglione, jouée par une ébouriffante Marie-Paule Kumps, forment le noyau dur de cette cosmogonie en folie. Les enfants ingrats et attachants de Joséphine de Renesse et Gregory Praet, le Pantalone d’anthologie de Freddy Sicx et jusqu’à la Ninette héroïco-comique de Sandrine Versele complètent un dispositif sans failles. Le bon sens bourgeois, l’aristocratique philosophie, la volonté de pouvoir et l’insoumise poésie se regardent ici les uns dans les autres comme dans des miroirs déformants : personne n’en sort indemne. Sauf le spectateur, enchanté et comblé par tant de félicités verbales et visuelles.

Philip Tirard – La Libre Belgique – 19 novembre 2007

La commedia dell’arte nous revient dans son plus pur style avec L’oiseau Vert, un ancien conte aujourd’hui quasi oublié.

L’oiseau vert est une réussite somptueuse, un spectacle débridé qui vous entraîne dans une tarentelle endiablée.

Ébouriffant et burlesque, il est un des musts de cette fin d’année.

La meilleure conclusion pour en parler est peut-être de paraphraser les derniers mots que les comédiens reprennent en chœur : Grandiose mais … en toute simplicité .

Muriel Hublet – Plaisir d’offrir – 20 novembre 2007

Masques et plumes.

Avec le bel oiseau vert, deGozzi, le Théâtre de l’Eveil fête son 25e anniversaire: féerie,satire et commedia dell’arte.

L’Eveil retrouve le metteur en scène Carlo Boso, qui offrit à Guy Pion, en 1996, un mémorable Arlequin, valet de deux maîtres, dont l’agile comédien réenfile le costume dans le valet truffaldin de l’Oiseau vert de Gozzi, en guerre contre Goldoni. Entre Vénitiens, on s’étripe avec les masques.

… ce noeud d’intrigues tresse une fable initiatique, satirique, philosophique. Que de fluidité, d’intelligence dans la « mise en boîte » de la scénographie de Claude renard, dans la palette des costumes, des lumières.

Un vrai gâteau d’anniversaire, cet Oiseau vert!

Michel friche – Le Vif/l’Express- 30 novembre 2007

Oiseau vert » mais bien mûr.

Avec L’Oiseau vert de Carlo Gozzi, le Théâtre de l’Eveil fête son 25e anniversaire en beauté ! Ce conte burlesque et féerique semble avoir donné des ailes à l’imagination de Carlo Boso, metteur en scène de ce pantagruélique festin. Un spectacle populaire sacrément amusant, voire addictif, qui fait honneur à la commedia dell’arte.Voici dix ans que l’Italien Carlo Boso se fait le complice de l’Eveil, pour des spectacles à succès comme Arlequin valet de deux maîtres ou Les Jumeaux vénitiens . Il semblait donc logique de célébrer cette décennie de collaboration fructueuse en confiant à celui qui fut le disciple de Giorgio Strehler, cette pièce du Comte Gozzi, auteur vénitien du 18 e siècle et concurrent de Goldoni. Avec une véritable morale de l’excès, plus créatif qu’autodestructeur, Boso donne du muscle, du souffle, du nerf et beaucoup de couleurs à l’univers fantastique de cet Oiseau Vert .

Dans cette fable rocambolesque, on croise des poètes devins, des statues qui bougent, des pommes qui chantent et des châteaux qui poussent à vue d’œil. C’est d’ailleurs l’une des grandes réussites de la pièce : le dynamique décor de Claude Renard et ses colonnes de photographies, évoquant la forêt ou le palais. Ses balcons, ses ponts-levis, tout a la bougeotte dans cette scénographie, à l’image de comédiens endiablés : Olivier Massart, hilarant en Tarataglia bégayant et inconsolable, l’excellent Guy Pion monté sur ressort en espiègle Truffaldin ou encore Joséphine De Renesse, Barbarine savoureuse d’égoïsme. Marie-Paule Kumps, Freddy Sicx, Sandrine Versele, la place nous manque pour tous les citer, mais quel plaisir à goûter leur jeu vif, leur folie burlesque. A une époque où la tendance est plutôt au gel émotif, ce goût pour une théâtralité joyeuse derrière les masques, confère à cette fable des allures de fruit exotique savoureux.

Catherine Makereel – Le Soir – 30 novembre 2007